Dans un récit, publié sur internet le 28 Décembre 2016, récit foncièrement anticolonialiste, M. Michel Bibard donnait des leçons de moral, comme son ami Le Meur, à tout le monde.
Voici ce qu'il écrivait.
« Je dois dire que jamais, ni dans la SAS de Morsott, ni dans les régiments d'infanterie, cavalerie et légion, qui la côtoyaient, je n'ai eu de preuve directe, d'utilisation de la gégène, ni dans la gendarmerie flambant neuve, seul bâtiment à deux étages, que nous avons laissée comme dernier témoignage de la « pacification », avec l'école et les villas de la SAS, avant d'abandonner le pays aux fellaghas. »
Mais, comme tout bon anticolonialiste, il ne peut résister à citer ce qu'il n'a pas vu, car il sera à la SAS de Morsott, seulement en juillet 1959, soit deux ans après la bataille d'Alger.
Je le cite :
« La gégène avec sa complice la baignoire était-elle réservée aux villas d'Alger, ou des grandes villes, où des hommes politiques d'extrême droite, en mal d'héroïsme de guerre, passaient confortablement quelques mois à interroger les traites et suspects (comme Jean-Marie Le Pen à la villa Sésini).
Un truc de citadins pervers, en somme ou une taquinerie pour faire encore râler l'anti-France. »
Dans cette phrase, nous avons tous les mots des anticolonialistes :
Gégène, baignoire, Jean-Marie Le Pen, villa Sésini, manque le général Massu, et le colonel Bigeard, pour avoir la panoplie complète.
Mais, Michel Bibard n'était pas à son coup d'essai.
Les Dossiers de l'écran, le 25/04/1978 (20h35 - A2). RAS d'Yves Boisset.
Sur le plateau de l'émission du 2 mai 1978, consacrée à La crise de 1968, Alain Krivine, membre du bureau politique de la Ligue Communiste Révolutionnaire, lit un télex du général Jean Lagarde, adressé à l'ensemble du corps d'Armée.
Il ne nous précise pas, comment il a eu ce télex, sans doute, un bon français, porteur de valises du FLN.
Dans ce télex, le général Lagarde partage l'indignation qui a suivi la projection du film RAS, dans les Dossiers de l'Ecran.
La piste entre Guentis et Ferkane en 1959.
En Juin 1978, nous retrouvons dans les colonnes de la revue l'Esprit, un article de M. Michel Bibard, intitulé : La caricature.
RAS d'Yves Boisset.
Dans ce pamphlet sur les SAS, M. Bibard critique l'émission d'Alain Jérôme, et surtout le représentant des Affaires Algériennes, un chef de SAS.
Quelques extraits de cet article :
« Moi aussi, j'étais officier SAS, que pouvait faire un SAS. Du « renseignement », comme tout le monde, profitant de la confiance que lui valait son rôle de « pacificateur ».
Dans deux des trois SAS, où j'ai été en poste, on avait torturé. Dans l'une, celle d'El-Ma-El-Abiod, les deux tiers des conseillers municipaux avaient été tués ou mutilés. Mon prédécesseur et moi avions pour mission de redonner confiance aux rescapés dans la noblesse de nos desseins!....
Une guerre pourrie pourrit les hommes, il est dangereux de l'oublier.
Je pense à X, bibliothécaire, marié, deux ou trois enfants. Va-t-il censuré son temps de SAS, où il buvait, battait, torturait, violait? Peut-il aujourd'hui regarder sa médaille?
Tous ceux qui l'ont connu là-bas racontent cette histoire :
Il l'a gagnée en tuant un « rebelle », en réalité, en l'étouffant lentement sous ses larges fesses, assis sur lui toute une nuit et se soûlant au gros rouge. Au matin, le suspect était mort. »
M. Bibard fait dans cet article l'éloge de son ami Le Meur, je le cite :
« Ce qu'a fait le sous-lieutenant Jean Le Meur, plus courageux, dégradé et emprisonné pour avoir refusé qu'on torture dans son régiment, pour moi, c'est lui qui a sauvé l'honneur de l'armée, pas ceux qui nient l'évidence. »
Mais étrangement, dans cet article, Il ne nous parle pas de la SAS de Guentis, avec ses tortures et les génocides de FSNA.
Oublié également, son prétendu ami, Michel de Robien, chef d’un Maghzen monté, à Guentis, de Juillet 1959 à Décembre 1960, comme Henri Alleg, qui avait oublié son ami Audin, dans sa lettre au procureur de la république, en Juillet 1957.
Autour du poste de Guentis… Sans commentaire. 1959.
Nous retrouvons notre adjoint du Chef de la SAS de Morsott, en 1995, justement dans le Bulletin de liaison des anciens des Affaires Algériennes, Les SAS, N°2, de Mars 1995.
M. Michel Bibard avait séjourné de Juillet 1959, à Décembre 1960, à Morsott, avec sa femme qui était institutrice.
Il retournera en Algérie quelques années plus-tard.
Quelques passages de son article : Les chiens de Morsott.
« Il retourne à Morsott. C'était comme l'aboutissement d'un long cauchemar...... Pendant la guerre, ces dix-huit mois passés dans les Aurés-Némentchas, on l'avait un jour amené devant le cadavre d'un égorgé.... Le FLN tient la nuit et, ma foi oui, l'administre, aide les familles des rebelles, partage la récolte ou la disette, juge, punit, exécute aussi...... Tu lui fous un coup de crosse dans le ventre, il va bien falloir qu'il parle, disait le petit séminariste alsacien aux gallons de sous-lieutenant…. »
Dans cette version du cadavre égorgé de 1995, on ne comprend pas clairement, qui sont les assassins, une phase peut laisser croire que ce sont les militaires français, qui l'on égorgeait pour faire croire que c'était le FLN. :
« Sur la djellaba souillée une feuille est accrochée, quelques lignes en arabe et quelques-unes en français, condamnant « le traite », en lui assurant, inexplicablement, que « Madame la France », n'a pas aimé sa trahison » ....
Il termine son récit par l'aventure d'une petite bande FLN de six hommes, commandait par le lieutenant Mohammed ben Youssef, de la tribu des Sidi Yahia, bande qui sera anéantie par des bombes au napalm, lâchées d'un avion par « inadvertance », le lieutenant rebelle décédera à l'hôpital de Tébessa.
Dans cet article ambigu, Il fait référence à un livre, « Morencia » de Roa Bastos, dont il est le co-auteur.
Pas un mot sur les deux SAS de Guentis et El-Abiod, où on aurait torturé, violé, et «génocidé » la population musulmane.
Son histoire de Lieutenant Mohammed ben Youssef, sans doute un « parent » du roi Maroc, est un peu tirée par les cheveux.
Si on prend une carte de cette région, du second semestre de 1959, on peut très facilement situer Morsott, bien à l'abri derrière les deux barrages de la ligne Morice et Challes.
Si on consulte au Service Historique des Armées, la liste des régiments chargés de l'interception, on découvre que trois régiments de parachutistes, et un escadron de Dragons, étaient stationnés entre les deux barrages, entre El-Meridj, et Ain Zerga, pour protéger les zones minières.
Alors, comment dans cette petite zone, entre deux barrages, gardée par trois régiments de parachutiste, le FLN pouvait-il administrer la région en 1959.
M. Michel Bibard aurait-il menti !!!
Le poste de Guentis en 1957.
Il faudra attendre l'année 2010, le 16 juin, pour retrouver notre agrégé.
Dans une interview réalisée pour Espace Parisien Histoire Mémoire Guerre d'Algérie, (EPHMGA), il raconte le récit de son passage à Morsott, puis dans la SAS de Guentis en Juillet-Août 1960, et à celle Ma-el-Abiod, en septembre/octobre, puis retour à Morsott pour les derniers jours avant le retour.
Dans un récit de dix pages, il nous raconte une histoire hallucinante sur son séjour hypothétique dans le poste de Guentis.
Pourtant cet agrégé, encore un, aurait du vérifier la véracité du récit de ses soi-disant interlocuteurs.
Il nous indique, que histoire de la SAS de Guentis est marqué par le « génocide » de centaines de FSNA tués ou pendus, en Mai 1959, ce génocide ferait suite à une tentative de désertion de FSNA, qui faisaient partie, il précise :
« je crois d'un régiment de Dragon. »
Un peu d'Histoire sur la fameuse SAS de Guentis, usitée par trois ancien rappelés, dans les colonnes des journaux l'Humanité, et La Croix, dans les revues Témoignages Chrétiens, Les Temps Modernes, et L'Esprit, et dans les ouvrages de Vidal-Naquet.
Ce poste militaire de Guentis a été construit par des légionnaires, de la 13e DBLE du lieutenant-Colonel Rossi, en novembre 1954, dans un endroit désertique, un « château fort », avec un donjon central et quatre tours d’angle.
La SAS, mitoyenne, a été créée plus tard.
C'est dans les premiers jours d'Avril 1958, que les baraquements préfabriqués arrivèrent à Guentis.
La SAS a été implantée, sous le commandement du lieutenant Pentecôte, réserviste en situation d’activité, un ancien tirailleur, chef de SAS.de 1958 à 1961.
Suivra le bâtiment en dur pour l’infirmerie et l’AMG (Assistance Médicale Gratuite).
En juillet 1959, le maghzen monté était encore embryonnaire.
En avril 1960, construction de deux bâtiments pour abriter le Maghzen monté.
Je rassure les Pieds Nickelés,spécialistes du copier/coller, j'ai nommé Michel Dandelot, la LDH de Toulon, les 4ACG, les comiques de la FNACA, sans oublier, les deux prophètes de la Guerre d'Algérie, Raphaëlle Branche, et Benjamin Stora, que je vais démontrer que Michel Bibard, n'a jamais mis les pieds dans le poste de Guentis.
De Guentis à Négrine.
Pourquoi Guentis fait-il la une des articles des communistes et des anticolonialistes, qui bien entendu, n'y ont jamais mis les pieds.
Février 1955.
Le gouverneur général, Jacques Soustelle, accompagné de son chef de cabinet, le Colonel Constant,
visitent les Aurès/Nemenchas, et, rencontre l'Administrateur Maurice Dupuy au poste de Guentis, deux mois plus tard, il sera assassiné sur la route de Tébessa, le 24 Mai 1955.
L’escorte, composée du 26e G.M.P.R. (Groupe Mobile de Protection Rurale), était basée à Guentis, elle était commandée par le lieutenant Jean Marius Guillaumot, chef de section, qui sera lui aussi abattu.
Morts également, les caporaux Sosthène Brun, et Habib, le 2ème classe Alfred Louis Cazaux, les cavaliers Habib, et Ben Amar Abid Djelloul, ainsi que plusieurs goumiers, dont l’histoire n’a pas retenu le nom.
Février 1956.
Le pilote civil, M. Roland Richer de Forges, conduit à Guentis, dans un avion civil, le F-BESR, l'administrateur Fourrer, responsable du service hydraulique.
Il nous décrit l’atterrissage sur cette piste descendante, très peu utilisée, ils passeront une journée dans le poste.
C'était également en Février 1956, que le Lieutenant-Colonel Bigeard, indicatif radio Bruno, commandant le 3e Régiment de Parachutistes Coloniaux, utilisa les H9 pour pourchasser les rebelles dans le secteur de Guentis.
Début juin, il sera blessé lors d'une opération, et il est conduit au poste de Guentis, pour être rapatrié sur Constantine, puis en France.
Le F-BESR à Négrine avec la Légion Etrangère en 1957
Septembre 1957.
Le 81e BI, basé à Chéria, prend le contrôle de cette région, il occupe les postes d'Aïn-Telidjène, et de Guentis.
Décembre 1957.
Pour les fêtes de Noël, l'aumônier catholique de Tébessa, le Père Gabriel Durand, Il rend visite aux soldats du poste de Guentis.
Parlant de Guentis, écrira : « C'est un coin isolé, qu'on ne peut oublier. ».
Il sera précédé par l'aumônier protestant Cabrol.
Ceux qui ont écrits sur le poste de Guentis :
Dès le mois de juin 1955, la Revue « Défense de l'Occident », numéro 20, publiait un article, de la version romancée de la mort de l'administrateur Dupuy :
« L'affaire de Guentis, (32 orphelins), qui vit le massacre de l'administrateur Dupuis et de tous les gradés de l'escorte, est due à la trahison des goumiers, qui tirèrent dans le dos de leurs chefs avec la complicité d'une embuscade de rebelles. »
En 1956, Jacques Soustelle, écrivait dans un tout petit paragraphe sa visite au poste de Guentis en Février 1955, et le massacre de l'administrateur Dupuy.
Enfin, le 29 Mai 1972, dans la revue Historia, article de G. Maffait, « Moi, je pacifiais près de Guentis ».
C'est le récit de ses huit mois passé au poste de Guentis.
Ce soldat du 81e BI, basé à Chéria, nous raconte la vie des 30 soldats détachés au poste de Guentis.
Une série de photos personnelles, nous montre le poste de Guentis, les murs du poste avec les effectifs, le souk hebdomadaire de Guentis, et les ruines du poste romain.
Je passerai sur la photo inattendue, de la partie de pêche, avec les soldats en maillots de bain.
Résumé de ces quatre grandes pages, rien à signaler à Guentis, pas le moindre coup de feu.
L'approvisionnement du poste était réalisé par des Nord Atlas, par parachutage, car la piste était trop petite.
Seuls, le vin en bouteille, l'essence, et les conserves arrivés par convois tous les 15 jours.
Le courrier était lancé par les T6 du secteur de Tébessa pratiquement chaque jour.
Oui, c'était un paysage lunaire, mais ce n'était pas l'enfer.