Le seul vrai militaire dans toute cette histoire, c'est le capitaine Henry Louis Loustau, des Forces françaises libres (FFL) .
Il faut aussi y ajouter, les anciens du RPF, dont M. Léon Delbecque est le plus connu, le grand ami de Chaban-Delmas. Il sera lui aussi de la farce des commandos noirs.
Jean-Jacques Servan-Schreiber militait pour l'arriver au pouvoir de Pierre Mendes-France.
Si on ajoute à cette pyramide, le colonel Paris de Bollardière, lui aussi gaulliste, on peut se poser la question suivante :
Avons-nous à faire à une demi-brigade de fusiliers de l'air (DBFA), crée pour combattre le terrorisme en Algérie, ou bien avons-nous à faire à une demi-brigade d'un mouvement politique, qui préconisait le retour au pouvoir de De Gaulle.
Que nous racontent dans leurs livres, les quatre principaux protagonistes sur cette très courte période des Commandos Noirs.
Par ordre de grade :
Colonel Jacques Pâris de Bollardière.
Page 71.
« A ma grande surprise, je découvre qu'il ne m'est pas possible de rejoindre immédiatement et de prendre sous mon commandement les brigades de rappelés de l'Armée de l'Aire, déjà débarquées depuis plusieurs jours.
Ces garçons étaient arrivés en désordre, mal encadrés par des officiers aviateurs de réserve, parfaitement valables sur le plan personnel, mais absolument ignorants du métier qu'on leur imposait.
Ils avaient sans délai relevé, dans les postes des contreforts de l'Atlas blidéen et dans la Mitidja, des unités opérationnelles qui leur avaient transmis, de but en blanc, d'écrasantes responsabilités. J'avais déjà entendu, parler de Taoudgert, d'Hamam Melouane, de Sakamody, connu pour ses embuscades meurtrières. »
page 87.
« à la suite de circonstances trop évidentes, Jean-Jacques Servan-Schreiber aurait pu sans peine trouver dans les services administratifs du Haut Commandement un poste sans danger. Il ne le voulut pas, son entreprise, très originale, devait faire mon admiration.
Les commandos noirs, équipés légèrement, dotés de moyen radio spéciaux et de vivres de réserve, très solidement entrainés, et encadrés pour être capables d'assurer leur propre sécurité, partaient pour plusieurs jours dans la montagne.
Leur rôle était de prolonger au plus loin les actions de contact humain, de rétablir les liaisons administratives avec les douars les plus éloignés et les plus inaccessibles. »
Colonel et capitaine de frégate, Roger Barberot.
Page 119 et 120.
« D'où l'idée des petites équipes de commandos :
En simplifiant à l'extrême, pendant qu'une compagnie de cent hommes visite un village, vingt équipes de cinq hommes en visitent vingt. L'organisation des commandos n'était donc pas celle d'une partie de scoutisme en forêt de Meudon.
J'avais désigné le capitaine Loustau, qui commandait le 1er bataillon, pour former les commandos. Il y avait à cette désignation deux raisons essentielles :
j'avais confiance dans Loustau sur le plan de la technique militaire, et il était, d'autre part, le seul à disposer de cadres en surnombre, la plupart des sous-officiers rappelés volontaires ayant été envoyés chez lui.
Loustau était un témoin étincelant et désolant de l'armée française d'active.
Etincelant, parce qu'il avait l'essentiel; et qu'avec ses quinze citations obtenues en Indochine il pouvait passer pour un des hommes les plus braves de l'armée.
Désolant, parce que, intelligent et sensible, plus sentimental d'ailleurs que sensible, il était déjà détérioré par le système, marqué profondément par le désastre d'Indochine et convaincu, comme toute l'armée qui s'y était battue, d'avoir été trahi et abandonné.
Capitaine Henry-Louis Loustau.
Page 69.
« Les commandos noirs, pour clore une polémique à leur sujet qui développa des propos mensongers, étaient tout simplement de petits groupes de combats que j'avais formés avec des volontaires et des rappelés pour opérer la nuit dans les limites de mon territoire.
Ils étaient bien entendu assez folkloriques, et n'avaient rien à voir avec les extraordinaires commandos Vandenberg et Rusconi qui opéraient au Tonkin en 1950.
Mais l'adversaire était aussi très différent et dans la situation où nous nous trouvions en Kabylie, ils rendirent quelques petits services.
Que penser, aujourd'hui, de cette activité occulte de droite ou de gauche qui prétendait trouver une solution au problème algérien?
On peut dire objectivement qu'elle ne servit pas les intérêts français, et qu'elle accéléra en conséquence la chute de notre Empire en créant des situations irréversibles et dangereuses.
L'Algérie blessée, attaquée par tous les ennemis de notre pays fut l'innocente victime de ces machinations politiques qui avaient pour but de servir des partis ou des monopoles internationaux. »
Lieutenant Jean-Jacques Servan-Schreiber.
Page 129.
« Julienne ne croyait plus à la pacification. Mais il était resté, pour contribuer à faire de toute cette jeunesse autre chose que des racistes, des assassins en puissance. Il s'était jeté avec vigueur dans les équipes de commandos. Il était constamment dans la nature, abandonné... »
Note :
Je me dois de rectifier quelques « mensonges » du Chevalier Blanc.
La 531e DBFA, n’a pas relevé, dans les postes des contreforts de l'Atlas blidéen et dans la Mitidja, des unités opérationnelles, mais elle a créé des postes sur le secteur de la route nationale N29, entre L’Arba , Rivet, et le Fondouk, comme nous le précise le capitaine Loustau, dans son livre, et JJ.SS. dans ses lettres à Pierre Mendès France.
De ces folkloriques commandos noirs, je n'ai pu retrouver qu'une seule photo officielle, si on peut dire, car y figure le ministre résidant Robert Lacoste et l'incontournable JJ. SS.
Seule et unique représentation d’un défilé de mode des Commandos Noirs Octobre 1956.
Chronologie du gros mensonge du chevalier blanc :
Dans son livre, il écrivait en 1972 :
Page 96 :
« Je lui racontai ce que Mairey avait écrit au Président du Conseil le 2 janvier 1957.
Or, en ce même mois de janvier 1957, quelques jours après le rapport Mairey, l'ordonnance confiant les pouvoirs de police à l'Armée était signée : la Bataille d'Alger ... »
On sait maintenant que le rapport Mairey du 2 janvier 1957 est bidon.
D’ailleurs, il aurait fallu simplement que Vidal-Naquet lisent les journaux d'Octobre 1956, pour découvrir la visite à Alger de MM. Mairey et Wybot à la demande de Robert Lacoste, cette visite a eu lieu le 8 octobre 1956 et pas le 10 décembre 1956, comme il l’écrit dans son livre !!!...
Le journal Le Monde publiait cet article :
Le 9 octobre 1956 :
« M. Mairey, directeur général de la sureté nationale, et M. Wybot, directeur de la DST sont venus en Algérie avec l'agrément du ministre résidant, non pour enquêter sur des événements qui préoccupent la presse, mais en tant que chefs de service... » .
Le 10 Février 1957, Max Lejeune, au cours de l'exposé sur les méthodes de pacification, présentées par le Général de Bollardière, déclarait :
« Qu'il était dommage de voir les militaires, faire le métier des civils, alors qu'ils seraient mieux employés à pourchasser les bandes rebelles dans les djebels. »
Cet aparté sera confirmer par le colonel Barberot, dans son livre, il précisera que Robert Lacoste était également présent.
Livre Malaventure en Algérie, de 1967, je le cite :
Page 189 :
« Devant le ministre, le secrétaire d'Etat, le général commandant en chef (Salan), le préfet M. Barret I.G.A.M.E. d’Alger), le général de Bollardière expliquait pour la centième fois, un plan qui n'était, soulignait-il, que l'application des directives gouvernementales.
Max Lejeune l’avait interrompu, pour poser des questions de détail :
- combien de gendarmes ici ? - combien d'exactions la semaine dernière dans le quartier .. »
Note :
Nous sommes en février 1957, les commandos noirs ont disparu, du fait de la libération des rappelés de la 531e DBFA, et le général Bollardière dispose de troupes aguerris. Il ne peut plus invoquée le problème des fusiliers de l'air.
Le 7 mars 1957, il est reçu à sa demande par le général Massu, on connait l'histoire de leur désaccord.
Ce jour même, il adresse une lettre au général Salan, pour lui signifier ses griefs concernant son commandement, son manque de moyens en hommes, en officiers, et son désaccord avec Massu.
Il demande à être relevé de ses responsabilités et d'être remis à la disposition du commandement en France.
Suite à cette lettre, le général Salan, demande l’avis du général Massu.
Le 8 mars 1957.
Massu lui répond via son chef hiérarchique, le général Allard.
Il reprend chaque grief en les détaillants :.
Grief sur l’organisation mise en place le 7 Janvier 1957, après la nomination de Massu en Z.N.A.
Il rappelle que c’est le général Salan qui en dernier lieu, à décider de la nomination du général Huet, au-dessus du général de Bolladière.
il précise que le général de Bollardière, n’est venu à aucune réunion hebdomadaire à la préfecture d'Alger, chaque samedi, il y envoyait soit Barberot soit, le sous-préfet Ferret.
Le grief de Max Lejeune.
Massu précise qu’à la suite de l’inspection ministérielle du S.E.A.B., M. Max Lejeune ne lui avait pas caché sa totale désapprobation des méthodes du général de Bollardière.
Il rappelle la directive du 18 février 1957 du général de Bollardiéré, et, confirme que l’entretien d’une heure avec de Bollardiére, du 7 mars 1957, c’est terminée par cette phrase « Je méprise ton action ».
Le général Allard, transmet immédiatement la lettre de Massu, il partage entièrement l’opinion du général Massu et appuie fortement la demande de relève de Bollardière.
Il conclue par :
« Ayant des divergences de vues avec son chef direct, le général de Bollardière aurait dû demander mon rapport, il ne l’a pas fait.
En conclusion, je demande instamment que le général de Bolladière soit relevé au plus tôt de son commandement, . ce qui me permettra par ailleurs de mettre de l’ordre dans l’organisation du commandement de la zone.»
Le 10 mars 1957..
Le général Allard, commandant le corps d'Armée d'Alger, reçois, le Général de Bollardière, qui confirme sa demande et sollicite l'octroi d'une permission de 30 jours.
Jacques Allard rédigera en date du 28 mars 1957, un rapport, en détaillant l'ensemble des trois griefs, et en précisant que de Bollardière, dès suite de vieilles rivalités en tant que parachutiste, n'admettait pas d'être sous les ordres de Massu.
Allard précise que les trois griefs sont :
1) Désaccord sur la réorganisation du commandement, avant le 1er janvier 1957, il dépendait directement du général commandant la division militaire d'Alger.
2) Désaccord de fond concernant Massu.
3) Il n'avait pas admis, les remarques formulées par Max Lejeune au cours de l'inspection du 10 février 1957.
Allard ajoute que les mois passés avec la 531e DBFA, et surtout avec son encadrement, on pesait sur le moral du général de Bollardiére.
Une note du général Loth, en date du 29 mars 1957, précise que lors de plusieurs inspections, en janvier et février 1957, dans le secteur du général de Bollardière, il a établi que le Général commandant le S.E.A.B. disposait d'un nombre suffisant d'Officiers. ( il avait fait plusieurs demandes réclamant plus d'officiers).
Elle précisait que dans les trois sous-secteurs, de Bollardière utilisait des officiers des unités non territoriales, mises temporairement en superposition, et susceptibles d'être retirées après un bref préavis.
Il a été demandé au général de Bollardière de mettre de l'ordre dans cette organisation.
Le nombre d'officiers disponibles dans son secteur s'élevait à 45 officiers, il était largement suffisant.
Algérie le secrétaire d'Etat Max Lejeune Septembre 1956.
Je vois déjà, les Pieds Nickelés, des 4ACG , sauter comme des cabris, ces grands défenseurs du chevalier blanc, celui qui lave plus blanc que blanc.
Voici quelques articles du journal Le Monde, confirmant l’ensemble des preuves présentées plus haut.
Le 9 octobre 1956.
M. Mairey, directeur général de la sureté nationale et M. Wybot, directeur de la DST sont venus en Algérie avec l'agrément du ministre résidant.....
Le 19 octobre 1956.
Les 200 000 démobilisés d'Algérie seront tous rapatrié avant Noël confirme le ministère de la défense nationale.
Le navire ramenant d'Algérie les premiers combattants démobilisés est attendu dimanche soir à Marseille, confirmant la promesse faite par M. Max Lejeune, secrétaire d'Etat à la guerre....
Le 20 octobre 1956.
Alger, Le paquebot Kairouen quitte aujourd'hui à midi le port d'Alger, emportant vers la métropole 14 officiers, 171 sous-officiers et 866 hommes de troupe, ce premier contingent de démobilisés comprend en majorité des fusiliers de l'air.
Les libérés qui étaient cantonnés dans la région d'Alger sont venus directement au quai d'embarquement, les autres ont été regroupés près de Fort de l'eau.
Le 27 Octobre 1956.
Le général Lorillot sera prochainement nommé chef d'état- major de l'armée de terre
Le 30 octobre 1956.
La libération des personnels de l'armée de l'air versés dans l'infanterie
Le 3 Novembre 1956.
Alger un musulman a été tué et un autre grièvement blessé.
A Rivet, un facteur européen a été assassiné par cinq terroristes, dont quatre ont été retrouvés et abattus.
Le 23 Novembre 1956.
Un convoi militaire est tombé jeudi matin dans une embuscade dans le secteur de Palestro, huit militaires du 117e RI ont été tués.
Le 04 décembre 1956.
A vingt km au sud d'Alger, M. Gonalons, électricien au barrage d'Hamiz, regagnait son domicile en compagnie de sa femme et de ses deux enfants.
Sa voiture heurta un obstacle, et il dut descendre pour dégager la route, un terroriste à l'affût dans le fossé surgit, et tira sur lui à bout portant, le tuant.
Madame Gonalons descendit de voiture, armée du revolver de son époux, le terroriste prit alors la fuite.
Journal Le Monde du 9 Octobre 1956 Visite à Alger de M. Mairey, directeur général de la sureté nationale.