Le Samedi 12 Juin 1982, le journaliste Pierre Blanchet, du journal Libération, publiait un article sur la découverte d'un charnier à Khenchela, dans les Aurès.
Ce n'était pas un scoop, car son collègue, Lionel Duroy, grand spécialiste des témoignages bidon, avait déjà publié un article, et accusé dans diverses interviews, sans aucune preuve, l'Armée Française et surtout la Légion.
Pierre Blanchet, interrogea et cita les éternels témoins, comme Vidal-Naquet, Jacques Pucheu.
Dans l'article, Jacques Pucheu déclarait :
« J'étais affecté en 1956, au 24e Régiment d'infanterie coloniale, qui détenaitle secteur de Khenchela. »
Puis, suivent les éternelles accusations contre l'Armée Française.
Mais, dans son livre, Les crimes de l'armée française, le faussaire Vidal-Naquet, cite lui aussi, le dénommé Jacques Pucheu, dont il cautionne la véracité de son récit.
Son récit, avait été publié dans Les Temps Modernes, en septembre 1957, page 433 à 447, et comme beaucoup de récit de cette année 1957, on retrouvait cette même phase :
« Des gars des autres sections lui racontent les horreurs dans le secteur de Khenchela. »
Il n’a rien vu, mais on lui raconte tout !!!!
Lors de la deuxième séance du Mercredi 25 septembre 1957, à l'Assemblée Nationale, page 4355, le communiste Jacques Duclos déclarait :
« Ici, je veux me référer à un document émouvant rédigé par un ancien soldat d'Algérie, Jacques Pucheu. »
Puis, suivent les sévices des parachutistes à la ferme Berthon et dans les Aurès.
Le lendemain, lors de la première séance du Jeudi 26 Septembre 1957, page 4366, le communiste André Tourné déclarait :
« Nous avons d'abord le témoignage d’un homme, qui était affecté, à la 9 compagnie du 24e RIC, Jacques Pucheu, qui a noté, jour après jour, ce qu'il a vu et entendu. »
Puis, suit le début de l'article des Temps Modernes, et sur cinq pages du journal Officiel, le député communiste fait l'éloge des réfractaires.
Carte du secteur de Khenchela 1954.
Le récit de Jacques Pucheu commence ainsi :
Boulermane avril-mai 1956.
« Maison forestière du secteur de Khenchela. Poste assez déprimant : barbelés, fortifications, impression d'isolement, nous logeons sous des tentes autour du bâtiment.... »
Puis, suivent : Edgar-Quinet, S.A.S de la ferme Berthon, 24e R.I.C., Biskra, Menaa, Arris, Villa Ouranime, El-Outaya.
Je passerai sur le récit des crimes commis par l'Armée Française, je laisse cela aux Pieds Nickelés, spécialistes du copier/coller, j'ai nommé Michel Dandelot, la LDH de Toulon, les 4ACG, les comiques de la Fnaca, sans oublier les deux prophètes de la Guerre d'Algérie, Raphaëlle Branche, le Benjamin Stora.
Je commencerai par corriger, le nom et la date, ce n’est pas Boulermane, mais Bou-Lerhmane, et ce ce n’est pas, Avril-Mai 1956, mais, Mai-Juin 1956.
Comme de coutume, à partir de ces lieux et de ces dates approximatives, je recherche les régiments présents dans ce secteur, les JMO de ces régiments, je les recoupe avec les morts pour la France et les morts par régiments. Je valide, avec la liste des dates où ce bataillon, ou ce régiment, était considéré comme une unité combattante.
Un peu d'Histoire.
En Novembre 1954, des unités parachutistes, et un bataillon de la Légion, s'installent dans le secteur des Aurès-Nementchas.
Le 1e RCP dans le secteur de Bou-Hamama
Le 18e RIPC dans le secteur d'Arris.
le 11e bataillon de parachutistes coloniaux à T'Kout.
La Légion à El-Oudja.
En appuis, à Batna, et à Biskra, le 9e chasseur d'Afrique, et le 1er régiment de spahis.
Le 6 novembre 1954, le 18e RIPC s'installe dans la région d'Arris avec deux bataillons.
Lors de la première reconnaissance dans les environs, le 7 Novembre 1954, une compagnie tombe dans une embuscade, le 18e RIPC perd son premier homme.
Le Sergent Fauveau Jean Pierre de la première compagnie. Il tombe au Col d'Aïn Tinn, dans le djebel Temagoult, dans la commune de l'Oued Taga, à 20 km d'Arris.
Ensuite, il faudra attendre le 29 Novembre, date du premier accrochage entre l'Armée Française et le F.L.N.
Ce jour-là, les parachutistes du colonel Ducournau, anéantirent la bande de Grine Belkacem, composée de 22 combattants, et d'un commissaire politique, arrivée le 6 Novembre, de la région parisienne. Il y avait des Tunisiens parmi ces combattants.
La deuxième bande des Aurès, sera anéantie un peu plus tard, lors de l'opération Babouche, dans le djebel Zellatou, entre le 13 et le 15 Décembre 1954.
Le 18e RIPC perdra neuf hommes durant ces deux derniers mois de 1954.
Aurès 1955.
Arretons nous un instant sur cette photo, légendée Aurés 1955.
Elle a été prise en Octobre 1955, cette photo a été vendue à de très nombreux pays pour diverses revues.
Elle a été très souvent utiliée pour illustrer la Une de certains journaux, ou la couverture de livres sur l'Algérie.
Mais, quand est-il exeactement ?
Elle fait partie qu'une serie de Sept photos, réalisées par le journaliste-reportere Michel Desjardins, de la revue Réalités, sans doute dans le Sud de l'Algérie.
Une des photos, prise de très loin, nous montre un plateau désertique, avec un petit chemin, non carrossable, avec au fond une sorte d’oasis.
Les photos semblent pitoresques :
Je n'ai pas eu l'impression de voir une armée française au combat.
Les parachutistes ont l'arme à la bretelle, ils marchent en groupe, sans aucune protection.
Les six autres photos prises de près, ne ressemblent en rien, à celle prise de loin, on ne retrouve aucun arbre.
Mais, je n'étais pas là !!!!
Malgré l’aide de l'institut de journalisme de Lille,
qui détient la collection de la revue, Réalités, (1946-1964), je n'ai pas pu lire le contenue du récit de Michel Desjardins, dont le titre était :
« La guerre dans l'Aurès par ceux qui la font », qui est paru dans la revue N° 118 de Novembre 1955.
Car, il manquait deux numéros de 1955, dont le numéro 118, pas de chance !!!
Curieusement, la une de la revue N° 118, représentait, une jeune Peuhl, qui se présente au concours de beautés de sa tribu, l'article était d’Henri Brandt.
Photo de Michel Desjardins Octobre 1955.
Revenons au récit de Jacques Pucheu.
« Pendant quelques jours nous nous contentons de patrouiller en montagne..... Mais, dès notre première incursion dans les mechtas habitées, tous les hommes qui s'y trouvent sont emmenés au poste. Beaucoup sont relâchés, mais un certain nombre est expédié au P.C. du bataillon à Edgar-Quinet, où l'officier de renseignement, le lieutenant C.., se charge d'eux. »
Que nous dit le service des armées, et les JMO du 94e RI pour cette année 1956 :
Le colonel de Penfentenyo est chargé de préparer le 94e RI.
Il est reformé le 16 Avril 1956, stationné au camp de Sissonne, il part pour l'Algérie, le 20 Mai 1956, sur le transport « Président Cazalet ».
Le PC du régiment se trouve à Khenchela, il est composé de 4 bataillons.
Le PC du 1er bataillon est à Bouhamana.
Le PC du 2ème bataillon est à Baïou.
Le PC du 3ème bataillon est à Batna.
Le PC du 4ème bataillon à Batna.
Le 1er Octobre 1956, une partie du 3ème bataillon va renforcer, le 18e RCC, Régiment de chasseurs à Cheval.
Le 4ème bataillon est dissous, il devient le 3e Bataillon, il reste à Batna.
Les bataillons du 94e Régiment Infanterie sont des unités combattantes, aux dates suivantes pour l'année 1956.
Le I/94e RI, du 8 Juin 1956 au 30 Octobre 1956, puis du 17 novembre 1956 au 16 décembre 1956.
Le II/94e RI du 23 Juin 1956 au 22 Juillet 1956, puis du 10 septembre au 17 Mars 1957.
Le III/94e RI, du 22 Juillet 1956 au 31 Octobre 1956.
Le IV/94E RI du 27 Mai 1956 au 23 juillet 1956, puis du 5 Août 1956 au 18 Octobre 1956.
Les JMO précisent :
Le I/94e RI se répartit entre Khenchela, Taberga, Tamagra et Tamza.
Les première et deuxième compagnies sont réparties entre les postes de Bouhamama, Tabous, Aïn-Mimoun, et Sidi Ali.
Les troisième et quatrième compagnies restent aux ordres du chef de corps de Khenchela.
La troisième compagnie s'installe à Tamagra, à la ferme Berthon, et à la ferme de Aïn Guiguel.
La quatrième compagnie s'installe dans la salle des fêtes de Khenchela.
Les cinquièmes et sixièmes compagnies seront cantonnés dans les mêmes secteurs que le II/94e RI.
Le II/94e RI, s'implante à Arris, à Aïn Tinn et à Oued Abiod, avec les cinquièmes et sixièmes compagnies du I/94e RI.
Le III/94e RI., est réparti entre Khenchela, Edgard-Quinet, et la départementale qui mène à Bou-Hamama, dans les fermes et à la maison forestière de Bou-Lhermane.
Le IV/94e RI, rejoint le secteur de Batna.
Donc, M. Jacques Pucheu faisant partie du III/94e RI, était chargé, tout comme son bataillon, de garder les biens et les personnes, et de surveiller les récoltes.
Il n'a pu combattre, comme il l'écrit, dans la première partie de son récit, et surtout le PC de son bataille n'était pas à Edgar-Quinet !!!!
Je passerai sur le récit des tortures à la P.J. d'Edgar-Quinet, et sur le fameux Lieutenant C, déjà cité dans le récit d'Henri Alleg.
Plus loin, le menteur Pucheu, nous explique :
« Un autre maintenu, Y.. a été secrétaire pendant deux mois au Bureau de renseignement de la SAS à la ferme Berthon, près de Khenchela...
Pendant deux mois il a participé, sans arrêt aux interrogatoires......
Ce maintenu, qui après son séjour à Berthon a été pendant onze mois dans la même section que moi.... »
La ferme Berthon, près de Tamagra, c'était le 1e RPC, et, la troisième compagnie du I/94e RI.
Un des officiers du I/94e RI de cette ferme, était Lieutenant François Schneider.
Le lieutenant Charbonnier, du 1e RCP, était en Mai et juin 1956, stationnait dans la maison forestière de Aïn-Guiguel, au bout du djebel Tanout, il commandait ce poste.
Dans ce même poste se trouvait une section de la 3e compagnie du I/94e RI.
La compagnie du 1e RCP stationnée dans cette maison forestière aura cinq morts dans ce secteur, le 10/06/1956 :
L'aspirant Humann Alain Louis, chef de section, sous les ordres du lieutenant Charbonnier.
Les chasseurs, Foucher Louis André, Guyot Jean Paul, Jobin André, Lasne Marcel René Roland.
Il suffit de regarder la carte, pour se rendre compte, que sans convoi militaire, escorté par des automitrailleuses, il est impossible de se rendre de la maison forestière d’ Aïn Guiguel, à la maison forestière de Bou-Lerhmane, sans prendre le risque d’une embuscade.
M. Jacques Pucheu aurait-il menti !!!
La ferme Berthon 1956.
En conclusion, des premiers paragraphes sur les tortures de l'Armée Française, M. Pucheu Jacques, nous donne une information très importante :
« A la fin du mois de Mai, notre bataillon est rattaché au 24e R.I.C. de Biskra.
Nous somme remplacée dans le secteur de Khenchela par un bataillon de la Métro, formé de rappelés, quelques jours plus tard, ils auront quinze morts au poste de Boulermane, et, près d'une centaine pour le bataillon. »
Le service des armées, nous précise :
Le premier Octobre 1956, le 18e Régiment de Chasseurs à Cheval (R.C.C), est recrée en Algérie ,à partir du III/94e RI, formation de rappelés, dont le noyau actif était composé de cavaliers.
Lors de sa constitution, le régiment est aux ordres du Chef d'Escadron Chevalier, il est composé de :
D'un escadron de Commandement et services (ECS).
Quatre escadrons de combats à pied.
Les « JMO » nous indiquent :
Stationnements :
Le régiment restera un mois dans le secteur d'Edgar Quinet.
Le PC et ECS seront à Edgar-Quinet.
Le premier escadron sera à Yabous.
Le deuxième escadron à la ferme école d'Aïn-Beïda.
Le troisième escadron à AÏn-Mimoun.
Le quatrième escadron dans ..... la maison forestière de Bou-Lerhmane.
Le 6 décembre 1956, le régiment se déplace plus au sud :
Le PC et ECS seront à Kheirane.
Le premier escadron sera à El-Oudja.
Le deuxième escadron Kheirane.
Le troisième escadron à Kalaat-el-Trab et Foum-Hella.
Le quatrième Escadron à Djella et Tizint.
La base arrière du régiment est à Khenchela.
Donc, si on se réfère au récit de menteur Pucheu,
le 18e RCC aurait eu 15 morts en 1956, à la Maison forestière de Bou-Lhermne, et, plus de cent morts à la date de septembre 1957, date d'édition du récit de Jacques Pucheu.
Le fichier des morts pour la France, nous indique pour le 18e R.C.C. :
Un mort le 30/12/1956 Legrand Michel à Kalaat-el-Trab.
Pour toute la durée du conflit, le 18e RCC perdra 21 hommes.
Il convient d'ajouter, les pertes dans les diverses harkas du régiment, ce qui porte à la date de Novembre 1962, le nombre à 95 morts, et, surtout, il faut penser à cette terrible journée du 1er Août 1959, dans le djebel Chéria, où, il y eu 53 morts, dont 10 hommes du 18e RCC, des morts, dans les harkas 16 et 17, et, 6 prisonniers, tous victimes d'un feu de forêt, poussait par le Sirocco.
Il est impossible de vérifier, Si M. Jacques Pucheu a été transféré au 24e RIC, car les dossiers individuels sont inaccessibles.