Robert Bonnaud, ex-communiste, commence son récit, dans la paix des Némentchas, par le paragraphe suivant :
« Le djebel Bou-Kammech est une des chaines qui ferment le sud de la haute plaine de Chéria.
Le 24 octobre 1956 au soir, une opération fut décidée dans sa direction pour le lendemain, un suspect avait parlé sous la torture, et avait signalé une bande, quarante fellagas en train de festoyer et de préparer un coup de main, à 20 kms du bourg. »
Le récit de Robert Bonnaud, nous présente la journée du 25 Octobre 1956, comme une opération de grande envergure, avec la participation de sa compagnie chargée du bouclage à distance, jusqu'au moment où l'ordre arriva, il fallait foncer vers l'accrochage.
Je reprends son récit à ce moment-là :
« A onze heure, nous étions sur place, l'accrochage avait commencé deux heures avant......
Les goumiers du GMPR, un peloton porté de cuirassiers, et, une compagnie de notre bataillon tenaient une première ligne de hauteur, que le ravin du torrent .....
Il y avait trois morts, à ce moment, parmi les militaires :
un goumier qui succomba devant nous, râlant sur le brancard taché de sang noir, un jeune maintenu des « cuirs », et, un rappelé de notre bataillon, Armando, un Cannois communisant .... ».
Puis, suivent cinq pages d'un récit très détaillé, des crimes de l'armée français qui suivent cette opération, et une reflexion sur les très riches colons de Tunisie et d'Algérie.
Nous y reviendrons un peu plus loin.
M. Robert Bonnaud, nous donne une date, le 25 octobre 1956, il ne nous donne pas son régiment, mais parle, d'un peloton porté de cuirassiers.
Premier travail, vérifier la liste des morts à la date du 25 octobre 1956.
Le fichier des morts pour la France, nous donne le chiffre de 17 morts, dont 7 appelés ou rappelés.
Le fichier par régiment, nous confirme ce nombre de sept morts, et, il y a bien le nom indiqué par Bonnaud : Armando Paul Charles.
Robert Bonnaud aurait-il dit la vérité ?
Mais, pour M. Armando, il n'y a pas de régiment, pour les 6 autres, on trouve, le 7e Régiment Infanterie, et le 6e Régiment de Cuirassiers.
Le service Historique de la Défense, dans son fichier :
Inventaire des archives de commandement et journaux des marches et opérations des formations de l’armée de terre, 1946-1964, sous-série GR 7 U, nous indique dans la sous-série GR 7 U 815-1041 Armée blindée et cavalerie (ABC) :
Le quatrième escadron du 6e Régiment de Cuirassiers, sous les ordres du capitaine Rossignol, en Octobre 1956, était bien stationné en bordure Nord de Chéria.
Incroyable, un récit communiste comportant deux « vérités ».
Carte du secteur de Cherie 1956.
Devant ce récit, avec au moins deux vérités, il me semblait normal, qu'en Septembre 1957, on ait pu croire à l'histoire de M. Robert Bonnaud, dont les écrits figurent dans le livre de Vidal-Naquet, Les Crimes de l'Armée Française.
Mais, la chance de M. Bonnaud, va très rapidement disparaitre, car, il y a une amicale du 6e Régiment de Cuirassiers, qui existe depuis des lustres,
elle a été créée en 1911, et, dans son bulletin N° 248, de Juillet 2016, il y avait en page sept, un article dont le titre était : Morts pour la France à Vingt ans.
Il concernait les cuirassiers morts en Algérie.
Le bulletin de l'amicale, nous donne quelques détails :
Embuscade du 2 Mars 1956, près du douar Doukane.
Huit morts, affreusement mutilés.
Ils avaient pour noms : Beaudry, Bodard, Chevannieux, Hervé, Martel, Poulain, Théry, Zins.
Le 27 Août 1956, accrochage près de la Mechta El-Rhorira.
Le cuirassier Vassal est blessé, il décédera le lendemain à l'Hôpital de Tébessa.
Le 25 Octobre 1956, accrochage dans le djebel Bou-Kammech, à la côte 1580.
Le brigadier-chef Jacquot Marc et le cuirassier Gallois Paul sont tués.
Le Maréchal des logis Chef Duflot Marcel est blessé, et sera considéré comme mort jusqu'au 26 Octobre.
En Novembre 1956, près du douar Doukane, suite à une erreur de l'aviation.
Le capitaine Caillies est mortellement blessé sur son Halftrack de commandement.
En 1957, lors d'une relève de la garde.
Le cuirassier Roger Jean-Claude est accidentellement tué par un camarade.
Une première vérification, nous démontre que la mémoire des cuirassiers est parfaite.
Je peux compléter cette liste, avec des dates précises :
Le capitaine Caillies est mort le 21/11/1956.
Le cuirassier Roger Jean-Claude, il est mort le 10/01/1957, à l'Alma.
M. Robert Bonnaud aurait-il menti !!!
Il nous a donné la liste des trois victimes : un goumier, un cuir, et Armando.
Alors, qui ment dans cet accrochage.
Bulletin de l'Amicale du 6e Régiment de Cuirassiers.
Robert Bonnaud, a tout simplement avancé d’un jour le récit de l’embuscade.
Il nous fait croire ainsi, que l’opération était préparée, suite à la torture du suspect.
Quel sacré menteur, ce Robert Bonnaud.
Que nous indiquent les JMO du 6e R.C. :
Le 1er Juillet 1956, les derniers détachements instruits à Sissonne rejoignent Tébessa. Le 6e régiment de cuirassiers est en totalité en Algérie, aux ordres de son chef de corps, le lieutenant-colonel Brière....
Le 16 octobre 1956.
Opération sur renseignements dans le djebel Bou-Djellal, le 21, ratissage de l'ouest du djebel Bou-Djellal.
Le 22 et 23 octobre, même chose, mais c'est l'escadron du Sous-lieutenant Valogne, qui ratisse. Le 24 octobre, patrouille blindée aux ordres du capitaine Recorbert.
Le 25 octobre 1956.
Le 4e escadron accroche une bande de rebelles dans le djebel Bou-Kammech à la côte 1580.
Le Brigadier-chef Jacquot Marc, et le Cuirassier Gallois Paul sont tués. Le MDL chef Duflot Marcel est blessé, mais sera considéré comme mort.
Le djebel est aussitôt bouclé avec l'aide des éléments du 1/3e R.I.A de Chéria et de Aïn-Telidjen.
Aviation de chasse intervient.
Les parachutistes du 8e RCP, qui étaient en ratissage dans la forêt de Sedrata, sont héliportés en plusieurs vagues par des H-19, ils interviennent immédiatement.
Le soir, les troupes s'installent pour passer la nuit.
Vers 22 heures débute l'opération « Lucioles ».
Le 26 octobre 1956.
Le MDF Marcel Duflot est retrouvé par les parachutistes du 8e RCP.
Le bilan :
Coté FLN, 7 tués et les armes récupérées.
Côté Français, 2 Tués, 1 blessé.
La 1/3e RIA, n'est pas intervenu, et n'a pas tirer le moindre coup de fusil.
Le Pied Nickelé Jacques Morel, et le copier/coller du livre de Robert Bonnaud.
Portant, le menteur Robert Bonnaud, a bien écrit :
« Il y avait trois morts, à ce moment, parmi les militaires : un goumier qui succomba devant nous, râlant sur le brancard taché de sang noir, un jeune maintenu des « cuirs », et, un rappelé de notre bataillon, Armando, un Cannois communisant .... ».
Pas de goumier gisant sur son brancard, ils n'étaient pas là.
Pas de rappelé du 1/3e RIA, mort dans embuscade.
Pourtant, nous avons bien une fiche au nom de M. Armando Paul Charles.
C'est une fiche parcellaire.
Pas beaucoup d'informations, juste sa date de naissance : 01/06/1932, pas de lieu, et, la commune d’enregistrement du décès : Bône Algérie.
Pas de mention : Tué au combat, pas de décoration.
J'informe les Pieds Nickelés, et, surtout Jacques Morel, qu'il y avait un hôpital militaire à Tébessa, c'est là, que le MDL-chef Duflot Marcel a été conduit.
Robert Bonnaud, nous avait précisé :
« un rappelé de notre bataillon, Armando, un Cannois communisant .... ».
Recherche dans les états civils de Cannes, Pas d’Armando Paul Charles né le 1/06/1932.
Recherche dans le département des Alpes-Maritimes.
Nous retrouvons M. Armando Paul Charles, sur le monument aux morts de Nice, Quai Rauba Capeu (près du port).
Nouvelle recherche dans les états civils de Nice.
Les tables décennales des actes de naissances, de la Commune de Nice du premier janvier 1923 au 31 décembre 1932, nous donne le numéro d’enregistrement : 1154
Comme tous les militaires morts en Algérie, avant 5 mars 1958, il a reçu à titre Posthume, la décoration de la médaille militaire.
Le journal Officiel du 11 Mars 1958, page 2423, nous indique :
Pas de doute,
Robert Bonnaud était bien au 3e RIA, comme le démontrent les JMO du 6e RC, mais, il n'a pas pu assister à l'embuscade, car il était peut-être à Cheria.
Mais, le Menteur Bonnnaud, ne s'est pas arrêté là, dans un recueil d'écrits politiques, paru en 1962, il en rajoutait une petite couche, et il récidivera
encore plus tard, en 2001 dans « La cause du Sud », où, il sélectionnera quatre de ces lettres bidon, qui n'a jamais écrites en 1956.
Itinéraire :
Recueil de lettres écrites en Septembre, Octobre Novembre 1956.
« Guentis, le 4 Août 1956.
Chers amis, J'ai lu votre missive avec un plaisir que vous ne devinez pas. On acquiert, après un mois d'Atlas saharien, une réceptivité extraordinaire. Figurez-vous que le courrier n'arrive ici que quatre ou cinq fois par mois et qu'il n'y a pas un seul « civil » dans le secteur. Le ravitaillement est parachuté, quelques hélicoptères et avions Broussard atterrissent sur la piste miniature, ...
Guentis, le 1er Septembre 1956.
Chers Amis, Vous m'embarrassez fort en me demandant où j'en suis exactement au point de vue doctrinal et politique.....
Les bruits concernant « La Quille » sont évidemment fort nombreux. Mais la semaine dernière, Max Lejeune s'est rendu à Chéria, (au nord de Guendis), il a parlé de Décembre....
Guentis, le 2 septembre 1956,
Cher Vieux, .... Ce n'est pas la stupidité bureaucratique, mais la lucidité policière qui m'a fait accéder aux fonctions « flatteuses » successivement de grenadier-voltigeur de pointe à la première compagnie du I/3e RIA, puis de pourvoyeur de mortier de 60 à la 4e compagnie du même bataillon. »
Puis suit un paragraphe dénonçant les méthodes policières de l'armée envers les communistes.
Sous-Prefecture de Tebéssa 1956
Mais, la « lettre » la plus intéressante est celle-ci :
« Chéria le 23 Octobre 1956.
Chers Amis, Je réponds avec bien du retard à vos sympathiques missives.
La relève des postes, qui m'a conduit de Guentis à Chéria, et quelques opérations récentes me serviront peut-être d'excuses….. »
C'est la lettre la plus intéressante, qui démontre, sans aucune recherche, que Robert Bonnaud, et Vidal-Naquet sont des menteurs et des faussaires, car il est certain, que ces lettres ont été écrites en 1962, pour les besoin du livre de Vidal-Naquet, «Les crimes de l’Armée Française».
Dans cette lettre, il décrit le village de Cheria :
« Cheria est un village de 2000 habitants, mais très commerçant et assez animé, sis sur la lisière nord des monts Némentchas.
La moitié de la rue principale a d'ailleurs été « marquée » par un ratissage printanier, un tantinet brutal, suite d'un attentat, et n'offre guère aux regards que des orbites vides de ses maisonnettes dévastées.
L'horloger du village, dont j'ai fait connaissance au « Bar des Amis », il y répare les montres sur un coin de table, a perdu plus d'un million dans l'affaire....
Il y a la mère Casse-B. qui tient le seul bistrot européen, le Maire, vieux colon d'origine espagnole.... Le garde-champêtre ....
Et, surtout, la Caïd pourri, responsable d'une superbe station de lavage de mouton qui n'a jamais fonctionné, inaugurée par Naegelen, .... »
Puis suivent les éternels sévices de l'Armée Françaises.
Hallucinant, pas un intellectuel, pas une historienne, du style Raphaëlle Branche, pour dénoncer, les bobards de Robert Bonnaud.