Dans le fichier secret, de M. Fabrice Riceputii, nous avons trois fiches se rapportant à cette liste fournie par Maitre Popie, au journal La Croix en janvier 1958.
Une seule, présente des informations pouvant être éventuellement vérifiées.
Il s'agit de la fiche de M. Khemissa Said.
Ce nom de victime de la grand répression, comme l'écrit notre célèbre historien, n'est présent que dans deux livre parut après 1990.
« Le groupe Emir Khaled de Belcourt : un maillon des scouts », de Mohamed Tayeb et Ali Roua de 1991.
Saïd KHEMISSA 25-12-1941 22-06-1957.
Et, de bien entendu, notre historienne préférée Madame Malika Rahal, dans les années 2010.
Mais le nom Khemissa apparait des milliers de fois, car il s'agit de « Thubursicum Numidarum », le Khemissa des romains, à quarante-deux kilomètres de Souk-Ahras.
C'est aussi un prénom féminin.
La fiche SLNA de Khemissa Saïd, figurant sur le site de notre illustre historien, serait issue des services de la Préfecture, du cabinet SLNA.
Elle porte le numéro 1240, elle est datée du 30 Août 1957.
Elle nous précise que Khemissa Said est né, le 28.12.1941, pas de lieu de naissance, pas de profession.
Le domicile indiqué est Djehnal El Mabrouk n° 136 à Maison-Carrée.
Dans les observations, nous avons :
Arrêté le 4 juin 1957 par les parachutistes (bérets bleus), au domicile de M. Chefmani Larbi, (même adresse).
Les renseignements nous indiquent :
Abattu au cours d'une tentative de fuite, dans la nuit du 16 au 17 juin 1957, par le 435 RAA dans la région de Menerville.
Demande d'annulation de l'arrêté 8458 UR P42 du 5 juin 1957 par l'armée le 22.10.1957.
Arrêté rapporté le 2.11.57.
J'ai donc vérifié chaque ligne.
J'ai bien retrouvé un Khemissa Said, à Alger, mais il n'est pas né en 1941.
Car, il figure au tribunal de commerce d'Alger, Audience du 30 Août 1935, dans la liste des faillites. il demeure, 7 rue Scipion, dans la casbah d'Alger, il était mandataire aux halles.
On retrouve, sans doute son frère, Khamissa Messaoud, dans le bulletin de la ville d'Alger en date du 20 mars 1939, comme mandataire aux halles d’Alger, disposant pour l'aider dans sa fonction de trois vendeurs.
Et, c'est tout !!!!!
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Bulletin ville d'Alger 1939.
L'adresse, elle n'existe pas à Maison-Carré, mais nous avons à Hussein-Dey, Djenane El-Mabrouk.
C'est d'ailleurs là, au 149, que demeure, la veuve d'un policier axillaire, abattu dans la région parisienne par le FLN, madame Fatina Berani, (Amar Berani).
Les observations nous disent, que Saïd a été arrête au domicile de M. Cheftani Larbi, inconnu au bataillon.
Les conclusions de la fiche SLNA de M. Khemissa Saïd, nous donnent une région, Menerville et un régiment 435° RAA.
Bizarrement, je connaissais ce régiment, qui n'en était pas Un.
C'était le groupement 1 du 435° RAA qui avait succédé, au 546 DBFA, troupe du chevalier blanc, le général de la Bollardiére. Ils étaient chargés de protéger les biens et les personnes du secteur Menerville, Félix Faure, Courbet.
C'était le groupement de l'affabulateur Claude Juin.
Depuis 1960, dans ces livres et dans tous les journaux, surtout Algériens, il nous rabâche, qu'il a assisté, plus ou moins, à la mise à mort par le 1/435 RAA, de plus de 2000 musulmans de ce secteur.
Musulmans abattus pour la plus par à la ferme du colon Moll.
Mais dans ces livres ne figurent aucun nom de victime.
Ce bouffon ne mérite même pas de perdre son temps.
Oui, il était bien au 435° RAA, groupe 1, dans le secteur Isserbourg, près de Courbet, où était implanté la ferme de M. Moll Paul, qui était en 1957, le président de la cave coopérative d'Isserbourg..
435° R.A.A. La batterie.
Revenons au journal La Croix du 9 Janvier 1958.
Il précisait,
« Khemissa Saïd, assigné à résidence. Il avait lors de son arrestation, fourni des renseignements, qui avaient permis la découverte d'une cache d'armes à Beni-Fouda. Il avait été abattu à la suite d'une tentative d'évasion du centre de rétention. »
La seule évasion d'un centre d’assignation à résidence à eu lieu au camp de Djorf, près de M'Sila, dans le secteur de Sétif, où était stationné le deuxième groupe du 435° RAA, issu du 54° BTA, groupe à pied, sans matériel d'artillerie, comme le troisième groupe, issu du 59° BTA, groupe à pied sans matériel d'artillerie, opérant avant sa dissolution le 31/03/1957, au Maroc.
L'histoire est parfois bizarre.
Car le Préfet de Constantine, en 1957, était Maurice Papon.
Lors de son procès en 1997, il a été invoqué cette évasion ratée, qui a fait trois morts parmi les détenus, dont Khemissa Saïd.
Jean-Luc Einaudi, voulant accablait le préfet Papon, avait en 1991, écrit un livre, La ferme Améziane.
Il s'était rendu en Algérie, pour retrouver la fameuse ferme, et trouvé des témoins !!!!!
Pour l'affaire du 17 Octobre 1961, il avait à partir de 7 morts officiels, trouve 732 morts ou noyés.
Pour la ferme Améziane, n'ayant pas lu son livre, je laisse le chiffre aux anticolonialistes. en attendant que j'effectue les recherches nécessaires.
Donc, lors du procès,Jean Luc Einaudi, mis sur le prétoire, la fameuse ferme Ameziane, accusant Papon d'avoir instaurer la torture dans le Constantinois.
Le président interrogeant Maurice Papon précisa.
Le Président : Avez-vous participé à la mise en œuvre de la ferme Ameziane ?
M. Papon : J’ai entendu.
J’observe simplement que la réponse est contenue dans la question de M. Einaudi. M. Einaudi nous dit que ce centre s'est ouvert en Mai 1958, Moi, j'étais à Paris en Mars 1958.
Quelques instants au paravent, Jean-Luc Einaudi, nous avait précisé, concernant le camp de Djorf.
« Les prisonniers étaient victimes de mauvais traitements, des exécutions avaient lieu.
Mais, mais je dois dire, à la décharge de M. Papon , que j'ai recueilli une fois le témoignage d'un de ces internés du camp de Djorf, qui m'a dit que M. Papon était venu visiter ce camp, où auparavant des hommes avaient été tués lors d'une tentative d'évasion. M. Papon avait reçu une délégation et la possibilité de permission avait été rétablie.
Par la suite, comme de nouvelles évasions avaient lieu , les choses revinrent en l'état antérieur.2
En mars 1958, M. Papon arrive à la préfecture de Paris.... »
Bien entendu, M. Jean-Luc Einaudi, ne nous parle pas de M. Khemissa Said, mais du camp de Djorf.
Mais, dès le 6 Janvier 1956, Témoignage Chrétien, par la plume de François Mauriac, avait, publié :
« L'opinion française s'est profondément émue des nouvelles de plus en plus précises, sur l'étendue et la gravité de la répression en Algérie.
Témoignage Chrétien a publié dans son numéro du 6 janvier 1956, un appel de 700 internés politiques du camp de Djorf, près de M'Sila. »
Oui, Maurice Papon a bien visité ce camp en 1957, après la tentative d'évasion.
La ferme Roll une des fermes du secteur du 435° RAA 1957.
Epilogue :
Si on analyse les faits.
La cache d'armes révélée par Khemissa Said, se trouvait à Beni-Fouda, qui était à l'époque Sillègue, à quelques kilomètres de Sétif, dans le département de Constantine.
Le camp de Djof se trouvait à moins de 80 km de Sétif.
Ces lieux sont bien loin des parachutistes (Bérets Bleus), et de la Bataille d’Alger.
Le Faussaire Paul Teitgen, aidé de son complice Vidal-Naquet, a réalisé à partir d'une tentative d'évasion réelle, une fiche de disparu bidon, de la Bataille d'Alger, celle de Khemissa Saïd.
Je vois déjà, les Pieds Nickelés, des 4ACG et Michel Dandelot , sauter comme des cabris, ces grands défenseurs du copier/coller.
De cette fiche SLNA, présentée par notre historien, M. Fabrice Riceputi, seules deux éléments sont véridiques.
Le nom, il s'agit bien d'un Khémissa Saïd, comme nous l'avais indiqué le journal La Croix, en janvier 1958, et les informations contenus dans la partie observations.
Le reste c'est une mise en scène du faussaire Paul Teitgen, et de son aide de camp, M. Vidal-Naquet.
Je dois avouer, que je n'ai pas encore retrouvé la fiche réelle d'internement concernant M. Khemissa Saîd, mais l'ensemble des renseignements récoltés lors des recherches pour retrouver ce disparu, m'ont conduit, vers deux lieux.
Le premier Sillègue, ou Beni-Fouda, où dans les années 1958, le chef de SAS de ce lieu était le capitaine Billotet, qui fit la une du journal américain Live, en Novembre 1959.
Le second, le camp de Djorf, où, en 1957, il y aura bien une tentative d’évasion du camp, avec la mort de trois assignés à résidence. Ce camps était surveille à cette époque par le 2/435° RAA, qui était sur la région de Bougie/Sétif. Le préfet Maurice Papon, se rendra dans ce camps, quelque jour après la tentative d'évasion.
Avec un assigné à résidence, abattu lors d'une tentative d'évasion, dans le Constantinois, on nous a créé un disparu victime des parachutistes de la bataille d'Alger.
Puis arrive, le grand prophète Benjamin Stora, et le gros trucage devient un fait historique.
L’histoire se termine par la repente de notre brillant président, qui canonisera Khemissa Saîd.
SAS de Beni-Fouda Septembre 1959 Le Capitain Billotet, et la charmante Berbère.