ALGERIE - 1954 - 1962




 

 Catégorie voyage     Le Meur       Jean

 
  • Oui, nous sommes bien le 10 Août 1958, et, aucune trace de l'opération, avec trois ou quatre bataillons.

     
  • La lettre suivante est datée de Taberdga, le 15 octobre 1958.
      « Cher petit.
        Je ne suis pas des plus empressés à répondre...

        Que je te raconte mes conneries.
       
          Mi-Août. Récidive. 5 septembre, début d'un séjour d'un mois à Khenchela, chez les gendarmes mobiles.
          20 septembre, j'apprends que je suis inculpé de refus d'obéissance et de « participation à une entreprise de démoralisation de l'armée ».

          C'est qu'un jour, pendant une opération, j'avais manifesté mon désaccord,
          avec un commandant de RTA, je crois qui disait et répétait sur le réseau radio : « je ne veux pas de prisonniers »....

        Depuis trois ou quatre jours, je suis de retour à Taberdga, le PC du 94e RI.
        Je vis comme un ermite dans ma piaule, je viens de purger 40 jours d'arrêts de forteresse (sifflement admiratif)....

        J'étais trop compromis avec mes idées pour faire autrement.
        L'autre solution n'est pas plus facile, si elle est possible à tenir. (Je bafouille).
        L'ennui, c'est l'isolement....

        A Khenchela, un soir, pendant plus d'une heure, j'ai entendu les hurlements des prisonniers qu'on interrogeait....

        Vale et gaude Jean Le Meur SP 86-966 (ou par la maison).


       
  • Je n'ai pas reproduit les passages concernant leurs amis, la famille, et les diverses remarques philosophiques sur les chefs de l'armée.

     
    • Taberdga, le 31 Octobre 1958.

        Mon cher petit,
        Je suis heureux de voir que la chose militaire reste pour toi une bagatelle....

        Je suis toujours à Taberdga,
        dans une chambre du sous-sol, dont le soupirail haut perché d'un demi-mètre carré me laisse voir aujourd'hui une tranche de ciel bleu....

        Quoi que tu en dises, je pense mériter une punition.
        On ne refuse pas d'obéir sans encourir des risques, sinon le fondement même de la discipline est ruiné.
        Je suis passible de détention pour une durée que j'ignore, et qui ne peut être inférieure à deux ans.
        Je pense, avant le piston, que je n'écarte pas, faire appel aux organisations qui défendent la même cause, et à la presse,
        si on me fait un déni de justice, cette histoire a une signification politique que je veux préserver....

        Dieu te garde, et tes amours. Yours Jean Le Meur SP 86-966.
        Servant, c'est donc dans les blindés? Je te croyais aviateur! »

       
  • Dans la lettre du 15 Octobre 1958,
    nous avons une précision concernant la fameuse opération, c'est un commandant de RTA, qui criait au génocide des Algériens.
     
  • Par contre dans la partie torture, la visite du baraquement et les douze gendarmes ont disparus.

     
  • Si, on en croit les termes de sa lettre
    du 31 Octobre 1958, c’est en Novembre 1958, qu’il contact Jean-Paul Sartre !


  • Taberdga Le Bordj et la Mosquée. 1958.

    Taberdga Le Bordj et la Mosquée 1958

     
  • Des régiments de tirailleurs algériens, (R.T.A.),
    il n'y en avant pas des millions, le seul dans ce secteur, c'était le 7° RTA, Il était composé du PC et CCS, et de 3 bataillons.
     
    • I/7e RTA. :
       
        • En Janvier 1957, le I/7e RTA, n'est plus sous les ordres du régiment, il est indépendant, et il est rattaché à un autre commandement.
          Le PC est installé à Corneille, les compagnies sont implantées à Ngaous, Ras el Aïoun, et dans la ferme Fages.
           
        • Le 12 Novembre 1957, il s'installe à Mac-Mahon.
          Le PC est à Mac Mahon, avec les compagnies 1,3 et 4 , la deuxième compagnie s'installe à Bahloul, Lambiridi et à la ferme Meyer.
           
        • Du 8 au 24 Juillet 1958, le bataillon se trouve dans la zone sud algérois (ZSA), il est engagé dans la région de Bou Saada.
           
          • Il participera pendant l'année 1958,
            à 120 opérations dans le Constantinois, dont une seule dans le secteur de Khenchela, avec le 18e RCP.
             
          • Sur les 120 opérations, le 1/7e RTA participera à neuf opérations, avec combats.
             
          • Pour le deuxième semestre 1958, nous avons les dates suivantes :
             
              Le 10 juillet, le 8 Août, le 5 Octobre et le 6 Décembre.
               
    • II/7e RTA. :
       
        • En Mai 1958, le II/7e RTA s'installe dans le quartier Edgar Quinet.
           
        • En Juillet, du 8 au 24 Juillet 1958, le bataillon se trouve dans la zone sud algéroise (ZSA), il est engagé dans la région de Bou Saada.
          En Août, il est dans le secteur d’El-Outaya.
           
          • Il participera pendant l'année 1958, à 57 opérations, dont 25 dans le Constantinois.
             
          • Sur les 57 opérations, le 2/7e RTA participera à huit opérations, avec combats.
             
          • Pour le deuxième semestre 1958, nous avons les dates suivantes :
             
              Le 9 juillet, le 18 Juillet, 02 Août.
               
    • III/7e RTA. :
       
        • En Novembre 1957, le III/7e RTA, remplace le I/7e RTA.
          Le PC est installé à Corneille, les compagnies sont implantées à Ngaous, Ras el Aïoun, et dans la ferme Fages.
           
          • Il participera pendant l'année 1958, a 107 opérations dans le Constantinois, dont quatre dans le secteur de Khenchela.
             
          • Sur les 107 opérations, le 3/7e RTA participera a dix-huit opérations, avec combats.
             
          • Pour le deuxième semestre 1958, nous avons les dates suivantes :
             
              Le 1 juillet, les 4, 7, 8, et 23 Septembre, les 4 et 12 novembre, le 6 décembre.
               
  • Malheureusement, pour M. Le Meur, rien le 15 Août 1958.
     
  • Alors pourquoi cette information a son ami sur le commandant d'un RTA, sans doute, son passage à Cherchell.
     
      • Parmi les participants à cette promotion 803,
        il y avait M. Serge Fantinel, qui arriva à Cherchell avec, la légion d'honneur, la Médaille Militaire, et la croix de Guerre des TOE....
         
      • Il sortit treizième sur 413, et, il choisit le 57e RI.
         
      • Lors de son séjour en Indochine, il était à Dien Bien Phu, sur Eliane 2.
        Simple sergent, il est nommé chef de section « au feu », au 4e RTA, il est l’un des derniers survivants sur Eliane 2.
         
      • Le classement de ce « simple sergent devenu chef sous le feu de l'ennemie », a peut-être blessé orgueil de notre agrégé.
         
    • Mais, ce n'est qu'une simple hypothèse.


  • Dien Bien Phu   Avril 1954.

    Dien Bien Phu Mai 1954

     
  • Les lettres suivantes.
     
    • Taberdga, le 27 Novembre 1958.
       
        « Ainsi donc tu te marie, mon petit mimi......
          Le 12 décembre. Je t'ai laissé longtemps en plan.
          Des maux de dents m'ont mis H.S. et je reviens de Khenchela, où les choses se sont arrangées.
          J'ai regagné ma cellule avec soulagement.....
          Un changement important est intervenu dans mon histoire....
          J'aurai donc uniquement à répondre de refus d'obéissance.

          J'ai demandé à Esprit de me trouver un avocat.


         
    • Prison militaire. Constantine le 29 janvier 1959.
       
        « Mon cher petit. J'ai encore changé d'adresse, je suis maintenant à l'enseigne de la prison militaire de Constantine.
          C'est des verrous, de grosses clés, des guichets, des judas, des barreaux.....
          Je suis prévenu de refus d'obéissance.
          Ca me coutera au bas mot deux ans de prison, mais il n'est pas exclu que l'on cherche à forcer la dose en faveur de mes galons......
          Le contact avec la prison n'a pas été trop dur, car il était préparé par plusieurs mois d'arrêts, et une liberté spatiale déjà rétrécie,
          et, puis je savais bien qu'un jour m'accueillerait cet asile......
          Je te souhaite dans la joie et forme pour vous deux les vœux les plus fervents.
          Yours Jean


         
    • Constantine le 14 mars 1959.
       
        « Mon cher petit, te voilà marié et multiplié par deux, je voudrais te souhaiter un bonheur exigeant et insolent, la joie de vivre........
          J'ai vu mon avocat la semaine dernière.
          L'instruction du procès est quasiment terminée et je pourrais être jugé dans environs deux mois.
          Je tâcherai de dire les choses sans trop me faire d'illusions sur leur portée effective.....
          Bientôt trois mois que je suis derrière ces hauts beaux gros murs......
          Valete et gaudete Jean Le Meur


         
    • Constantine le 14 mai 1959.
       
        « Chère petite graine de sous-bitte (mais si, mais si, je te remercie de penser encore à l'oiseau en gage....
          Les SAS, ça peut être une bonne chose, avant de sombrer dans l'extrémisme, tu sais que j'avais tenté de m'aventurer dans
          une direction semblable, mais qu'on avait brutalement arrêté l'expérience, ce qui avait précipité les choses.....
          Dieu te garde.
          Valete et gaudete Jean


         
    • Constantine le 6 juillet 1959.
       
        « Le 25 juin j'ai été condamné à deux ans de prison, il n'a pas été question de m'enlever mon grade, c'est peut-être un oubli.
          J'ai signé un pourvoi en cassation qui sera rejeté, mais tant qu'il est en instance, je suis toujours au régime des prévenus ......
          Ma prison s'achèvera le 10 octobre 1960. Après ?
          A chaque jour suffit sa peine.....


         
    • Constantine le 27 juillet 1959.
       
        « Bien reçu tes deux lettres avec les paquets d'humanités. Grazie....

         
    • J'ai arrêté là, la correspondance des deux amis.

       
  • Epilogue.
     
      • Revenons au récit militaire de son ami, futur adjoint au chef de SAS de Morsott.
         
      • Je voulais dans mon épilogue sur le cas Le Meur, terminer ces deux pages par un paragraphe écrit par son ami.
         
      • Mais, c'est son histoire sur Guentis, en juillet 1960, qui m'a interpellé,
        car, ayant travaillé sur ce poste de Guentis, j'avais un certain nombre de témoignages contradictoires, et, c'est surtout la chronologie
        des publications, des différents récits et interviews, qui m'a incité à lui consacrer une page différente de son ami Le Meur.
         
      • Dans un récit, publié sur internet le 28 Décembre 2016,
        récit foncièrement anticolonialiste, M. Michel Bibard donnait des leçons de moral, comme son ami Le Meur, à tout le monde.
         
      • Voici ce qu'il écrivait.
         
            « Je dois dire que jamais, ni dans la SAS de Morsott, ni dans les régiments d'infanterie, cavalerie et légion, qui la côtoyaient,
              je n'ai eu de preuve directe, d'utilisation de la gégène, ni dans la gendarmerie flambant neuve, seul bâtiment
              à deux étages, que nous avons laissée comme dernier témoignage de la « pacification », avec l'école et les villas de la SAS,
              avant d'abandonner le pays aux fellaghas. »