Le Mythe du livre « Les Egorgeurs » de Benoist Rey .
Dans son livre, il nous narre cet épisode, en voici quelques extraits :
Page 66
« Nous avons envisagé de collaborer, mais sans insister, je l'ai revu plusieurs fois, dans les cafés de D... Je lui ai montré des textes sur l'Algérie. Je ne sais ce qui s'est passé : un mot de trop, une phrase insolite, des soupçons. Un matin de Mars, je suis convoqué à T..., dans le bureau du capitaine N..., officier de sécurité militaire. ... »
Puis plus loin :
« Sont présents : le commandant du quartier de T..., le capitaine N..., un autre capitaine, de la Sécurité militaire de Constantine.... Non, je suis typographe. — Ce n'est pas vrai. Il feuillette mon livret militaire.»
Page 67.
« Le capitaine devient brutal : — Donne-moi cet article. — Quel article ?
Ne fais pas le malin, nous sommes bien renseignés. Tu connais X... (suit le nom de l'imprimeur). — Oui, c'est un imprimeur. Comme je suis du métier... — Où est cet article ?, coupe-t-il. — Je ne sais pas de quoi vous voulez parler.
Le capitaine N... me désigne alors sur mon livret militaire un paragraphe, sous lequel j'ai signé, relatif à la trahison du secret militaire, aux atteintes à la sûreté intérieure et extérieure de l'Etat.
Tu vois où ça va te mener. J'entends le mot «tribunal militaire». Le capitaine X... reprend, doucereux : — Allons, mon vieux, on sait ce que c'est. Ce n'est pas bien méchant d'écrire un article, sans réfléchir. Allons, donne-le-nous. On veut seulement savoir ce que tu as écrit. Allez, tu seras tranquille après. »
Page 70
« Je m'échappe et cours vers ma chambre. Je prends dans ma valise le fameux article, pour le déchirer. Car il existe : il s'intitule « La prise du pouvoir ». Je cache aussi mes poèmes «algériens», quelques livres. J'ai à peine fait cela que la porte s'ouvre.
ils entrent, regardent tout, fouinent dans les coins, jusque dans ma petite réserve d'eau, mais oublient, heureusement, de regarder sous le matelas. Le capitaine de Constantine feuillette mes livres : « La guerre d'Espagne, par Pietro Nenni. Ah, encore un communiste. Le Dernier des Justes. Tiens, il y a des camps de concentration, des tortures, des fours crématoires. Ça doit te plaire. » .
Quel sacré affabulateur ce Benoist Rey.
Réclame pour l’Imprimerie/Papeterie de M. Paul Scheiner dans l'annuaire en 1959.
A Djidjelli, en 1959, il y avait une petite imprimerie, qui imprimait les papiers à entête, le gérant était M. Paul Schneider, il tenait l'imprimerie-papeterie « l'Impartial ». Mais, M. Schneider n'imprimait pas de journal local.
Peut être que Benoist Rey, pensait à L'Impartial de Djidjelli, ou Au Réveil Djidjellien, qui paraissaient dans les années 1930 et 1940, et qui étaient imprimés sur les rotatives de l'Echo d’Alger.
En 1970, l'UNESCO réalisait en Algérie, un inventaire du matériel et des machines des quatre imprimeries de la presse algérienne.
- Journal « El-Moudjahid » à Alger
- Journal « Ech-Chaab » en arabe à Alger
- Journal « An Nasr » à Constantine
- Journal « La République » à Oran
Il s'entend, que dans ces quatre imprimeries, les rotatives datées de l'époque de la présence française.
Voici un petit passage de ce rapport :
« Lorsque l'Algérie accéda à l'indépendance, ces imprimeries devinrent nationales et assurèrent les publications de la presse d'information. »
Dans ce rapport, on peut lire, que pour le journal « An Nasr », quotidien régional d'information de l'Est Algérien, 100, rue Ben M'Hidi à Constantine, dont le directeur était M. Abdelhadi Benazzouz, la Rotative 24 Pages était une Marinoni de 1931.
En conclusion M. Willi écrivait :
« En conclusion, l'introduction de la photocomposition est à déconseiller à l'appui des points 2 et 3 ci-dessus. La composition des journaux continuera à se faire selon le mode traditionnel : composition mécanique. »
Pour les sceptiques, voici la référence de rapport de l'Unesco :
Rapport réalisé par M. W. Willi, entre le 17 Novembre 1970 et le 16 Décembre 1970. Références UNESCO : N ° de série : 2382/RMO.RD/MC PARIS Avril 1971.
Encore une preuve, des mensonges de Benoist Rey.
On pourrait pratiquement prendre tous les passages de son livre, et démontrait
que pas un seul ne dit la vérité.
M. Benoist Rey fait sans doute partie du 81e R.I.A., mais il est improbable qu’il fasse partie du commando Volontaire 20.
On devrait s’étonner, que Benoist Rey ne nous parle jamais de ses compagnons du commando V20.
Pas un seul nom..
On devrait s’étonner, que Benoist Rey ne nous présente, aucune photo du commando V20 à Texenna.
Rien !!!
Plutôt qu’un grand récit sur les affabulateurs, voici l’annuaire téléphonique de Djïdjelli de 1959.
Annuaire téléphonique de Djidjelli de 1959.
Epilogue.
Dans la Revue du Marxisme Militant de janvier 1961, le narrateur nous présente l'Armée en Algérie, en 1960, à chaque paragraphe de cet article, il ajoute une note de bas de page.
Page 22 : Paragraphe sur le plan Challe et les commandos de chasse.
Note de bas de page 25.
« commando de chasse n'est pas un mot français et les revues militaires de la nouvelle Wehrmacht allemande le revendiquent. Ce « Jagdkommando » avait pour mission de 1940 à 1944, la traque de la Résistance Française. Ils n'en auraient pas fait plus de 1940 à 1944, que les militaires français en Algérie depuis 1954 à .... »
Page 25 : Concernant les pertes françaises, le narrateur nous précise :
Voici un exemple vécu du commandant Clostermann, J.O. débats N° 46 1958 p 2260 avec lequel tous les officiers reconnaitront les pratiques courantes en Algérie. (28)
Note de bas de page 28.
C'est le commandant Clostermann qui parle :
« Une très forte bande rebelle venait de nous faire subir de lourdes pertes : cinquante-deux morts. (La presse annonça neuf morts) La presse d'Alger annonça que nous avions cerné la bande et que les rebelles avaient quarante-sept morts. Je vous laisse à penser la « mise en boite », le soir à la popote. »
OUI, le discourt du député Pierre Clostermann a bien commencé page 2260, mais il s'étale sur quatre pages, il répondait au discourt du nouveau Président du conseil M. Pierre Pflimlin, et c'est à la page 2262, qui nous raconte exactement ceci :
« Je voudrais vous raconter une affaire qui illustre bien le procédé. Il s'agit de l'affaire d'Aflou du 3 octobre 1956. Nous faisions tuer dans une embuscade le 3 octobre 1956, cinquante-deux hommes.
C'était une opération importante contre une très forte bande, qui venait donc de nous faire subir de lourdes pertes. Instructions immédiates : réduire cette bande. La presse annonce le lendemain « Accrochage à Aflou, nous avons neuf morts ».
Il y eut des concentrations de troupes. On se serait cru, dans la petite ville d'Aflou, à Bayeux, au moment de débarquement en Normandie. Il y avait quatre ou cinq généraux, des chars, des avions, des hélicoptères. J'étais chargé de coordonner les opérations aériennes. »
Dans cette partie du discourt, M. Clostermann met l'accent sur les opérations avec chars et aviations qui ne donnaient rien, et il s'élève contre la presse d'Alger.
Mais, malheureusement, M. Clostermann se trompe dans le nombre de morts.
La revue du Marxisme Militant de janvier 1961.
Cette embuscade a été racontée par plusieurs personnes, dont M. Clostermann, Mais, surtout par la presse américaine, qui n'était pas, là, mais qui a donné divers chiffres de morts français, allant de 9 morts à 39 morts, et qui écrivait que la bande de rebelles avait perdu entre 100 et 200 hommes.
M. Pierre Clostermann.
Il n'était pas là, car il écrit dans son livre :
« Le 4 octobre 1956, je suis confortablement installé sur une chaise longue, à l'ombre du tonneau en tôle ondulée qui abrite le mess des pilotes de l'ELO 3/45 à Oued-Hamimine en Algérie. »
Plus loin, il raconte, qui a été chargé de survoler avec son équipage abords de son Broussard ZL, les rebelles et qu’il les a mitraillé.
C'est tout.
Un appelé du 110° R.I.M, écrit que le 3 Octobre 1956, un convoi transportant des gars du 110 R.I.M. est tombé dans une embuscade, et qu'il y eu 30 morts, et 200 rebelles abattus.
M. Léo Palacio.
Son article, dont le titre est « Bataille pour un djebel nommé Amour », me semble la plus proche de la réalité.
M. Palacio raconte les deux embuscades,celle du 2 Octobre, concernant le 1e R.I.M, en fin de soirée, et celle du 3 Octobre, concernant le 110° R.I.M. qui venait en renfort vers Er-Richa.
Et, le repérage, la poursuite et la destruction de la bande rebelle au Sahara, plus ou moins Marocain, par des avions de reconnaissance et des troupes parachutistes aéroportées par des « Bananes », les 5 et 6 Octobre 1956.
Même si son récit est très romancé, la chronologie est correcte. Il parle bien du commandant-pilote Clostermann et de son Broussard. Il confirme que la bande rebelle a bien été anéantie.
Il conclut par cette phrase :
« C'est le premier coup dur asséné aux forces rebelles de l'Ouest saharien. Deux mois après, la 4° D.I.M. porta l'estocade dans la cuvette de Foum-Reddad. »
Il se trompe sur le nombre de morts français et sur l'utilisation des Texan 6, qui ne seront opérationnels que début 1957.
Alors combien de morts :
Les Algériens donnent le chiffre de 1.375 soldats français tués au djebel nommé Amour !!!!
Mais la réalité est tout autre :
Le 2 octobre 1956, le 1° R.I.M. aura 9 morts.
Le 3 octobre 1956, le 1° R.I.M. aura 2 morts, et, le 110 R.I.M. aura 11 morts.
Ces chiffres sont extraits des bases de données militaires, il existe deux bases de données :
Une base des morts militaires pour la France.
Une base de données par régiments.
Annuaire département de Constantine 1959.
J'en terminerai avec ce livre, par les pages 30 et 31, et bien entendu leurs bas de page.
Page 30. Titre : En 1960, le Constantinois est-il pacifié ?
Dans la note de bas de page, le narrateur, nous dévoile la puissance et l'intelligent des troupes de l'ALN. Il nous précise, que les opérations des troupes françaises ne donnent rien, et que les pertes de l'ALN sont nulles.
Page 31, Il nous indique :
« La nuit, les troupes de l'A.L.N. domine toute la région. »
Et, la petite note de bas de page, concerne la région de Texenna.(38).
La région de Texenna.(38)
« Un exemple est celui de Texenna, objet du livre : J'ai pacifié Tazalt (Texenna).
Une compagnie a dû l'évacuer, et, le bataillon renvoyé pour la réoccuper , « pour sauver la face », s'est vu dans l'impossibilité de tenir en fin 1959.
De l'avis général des officiers de ces secteurs « tout est à recommencer à zéro », début décembre 1960, depuis le départ des réserves générales pour l'Aurès ! »
Il s'agit du livre, Nous avons pacifié Tazalt : journal de marche d'un officier parachutiste rappelé en Algérie, de Jean Yves Alquier.
Dans ce livre, M. Alquier, nous décrit le secteur de Texenna, nous parle des populations des douars, et, nous dit, que les égorgeurs sont les rebelles de l'ALN, qui terrorisaient les populations des douars.
Ce livre, Nous avons pacifié Tazalt, est le contraire du livre, les Egorgeurs, de Benoist Rey.
Le fameux bataillon,« pour sauver la face », c’est le 1/117° RI, qui sera renforcé en juillet 1959, par le 3/23° R.I., et qui deviendra le 81° R.I.A.
Le narrateur de la Revue du Marxisme Militant de janvier 1961, écrit en conclusion :
« Nous venons de brosser un tableau le plus fidèle possible de la réalité en Algérie en fin d'année 1960.»
Voilà, nous terminerons ces pages, avec cette phase du narrateur communiste.